Immigrés de force

Les travailleurs indochinois de la seconde guerre mondiale

Description du film "Une histoire oubliée"

Une histoire oubliée, Les Indochinois en Lorraine après la Seconde Guerre mondiale (52')

Réalisatrice: Ysé TRAN

Conseiller historique: Pierre DAUM

Une coproduction France Télévisions et Mélisande Films.

Diffusion sur France 3 Lorraine : lundi 23 janvier 2017

De 1945 à 1950, plus d’un millier d’ouvriers vietnamiens ont été envoyés en Lorraine par le gouvernement français, afin de répondre à la demande de main d’œuvre des nombreuses entreprises de la région. Ces « travailleurs indochinois » disposaient d’un statut différent de celui des ouvriers européens (italiens, polonais, français), celui d’ « indigène », encadré par l’Etat comme dans les colonies. Arrivés en France en 1939, ils avaient été recrutés comme ouvriers pour les usines d’armement de la France en guerre.

Dès 1945, des centaines d’ouvriers vietnamiens furent envoyés en Lorraine, dans les usines du nord-est de la France. On les retrouve dans de nombreux bassins industriels de Moselle, Meurthe-et-Moselle et des Vosges : Longwy, Knutange, Ars sur Moselle, Hagondange, Fontoy, Nilvange, Hayange, Hagondange, Maizières-lès-Metz, Gandrange, Uckange, Florange, Merlebach, Creutzwald, Forbach, Nancy, Longuyon, Mirecourt, Thaon-les-Vosges, St Etienne les Remiremont, Epinal, Bitche, etc.

En Moselle, ces hommes ont été « logés » au Fort de Queuleu à Metz. Ils ont travaillés à l’UCPMI d’Hagondange, aux Forges et Boulonnerie à Ars-sur-Moselle, à Knutange, Thionville, etc.

A Nancy, la 55ème compagnie de travailleurs indochinois était logée au 31, rue de Villiers (le bâtiment existe encore, non loin du Conseil départemental). La 67ème compagnie a été envoyée à Longlaville (logement gare Mont Saint Martin), puis à Longuyon (ancienne caserne de Lamy). Les hommes travaillaient aux hauts-fourneaux de la Chiers et aux aciéries Mont saint Martin, près de Longwy.

Dans les Vosges, ces hommes ont été « logés » (plus ou moins internés) à la caserne Charlet de Remiremont, à la gare de Pouxeux, à la caserne Souhet à Saint Dié, puis dans les baraquements de la Cidreries à Thaon-les-Vosges.

Puis leur histoire a sombré dans l’oubli.

Aujourd’hui, les descendants lorrains de ces hommes découvrent le passé de leurs parents. A travers des témoignages d’anciens « travailleurs indochinois » presque centenaires, de leurs épouses et surtout de leurs enfants, et grâce à la découverte d’un fonds d’archives inédites, le film d’Ysé Tran dévoile enfin cette page longtemps oubliée de l’histoire ouvrière en Lorraine.

 

Ysé TRAN

Réalisatrice de trois films de fiction courts, sélectionnés dans des festivals français et étrangers. Les deux premiers ont été montrés au Jeu de Paume, le dernier a été préacheté par France 2. Co-éditrice avec Raymond Bellour des Œuvres Complètes d’Henri Michaux dans la Bibliothèque de la Pléiade pour les éditions Gallimard. Auteure de quelques articles et notules journalistiques pour Trafic, La lettre du cinéma, Mediapart, le Magazine littéraire, après diverses collaborations (iconographie du catalogue Jean-Luc Godard : son+image pour le MOMA, co-auteur pour France-Culture ...), elle participe à diverses installations d’artistes. La dernière est une performance imaginée par Tania Mouraud (sur un manuscrit trouvé à Auschwitz Birkenau au Théâtre d’Auxerre en 2011, au Mac Val en 2014, à l’Unesco et au Centre Pompidou Metz en 2015).

 

Pierre DAUM

Journaliste, ancien correspondant de Libération en Autriche, Pierre Daum, a aussi collaboré à plusieurs journaux européens : Le Monde, L’Express, La Libre Belgique, La Tribune de Genève, etc. De retour en France en 2003, il devient correspondant de Libération en Languedoc-Roussillon, qu’il quitte en 2005. Pierre Daum effectue depuis de grands reportages pour Le Monde diplomatique. Parallèlement à ses enquêtes journalistiques, il poursuit des recherches sur le passé colonial de la France,  toutes publiées aux Editions Actes Sud, dans la collection “Archives du colonialisme”. En 2009, il publie Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952), qui révèle cette page d’histoire totalement enfouie.